Quelle est la place de la capitalisation au sein des systèmes de retraites ?

Le système de retraite français, historiquement bâti sur une logique de solidarité intergénérationnelle via la répartition, fait aujourd’hui face à des tensions structurelles majeures. Dans son rapport annuel de 2023, le Conseil d’orientation des retraites (COR) alerte sur une situation budgétaire durablement déficitaire. Selon ses projections, le solde du système de retraites resterait négatif jusqu’au moins 2030, avec un déficit compris entre 0,3 % et 0,8 % du PIB par an, selon les scénarios de croissance. Ce déséquilibre s’explique par un vieillissement accéléré de la population, une diminution du ratio actifs/retraités, et une progression plus rapide des dépenses de pensions que des recettes.

Le débat sur les retraites en France reste profondément clivant. L’adoption en 2023 d’une réforme  relevant progressivement l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans a ravivé les tensions sociales, sans pour autant rassurer sur la pérennité du système. En effet, le financement de la retraite publique repose à plus de 90 % sur les cotisations sociales, laissant peu de marges de manœuvre face aux chocs économiques ou démographiques. Par ailleurs, la fragmentation en une quarantaine de régimes, la complexité du pilotage et l’indexation sur les revenus d’activité contribuent à rigidifier le modèle, le rendant difficilement adaptable aux évolutions du marché du travail.

Dans ce contexte, la capitalisation revient dans le débat public français, souvent présentée comme un complément ou un levier d’adaptation. Jusqu’ici marginalisée au profit de la répartition, elle soulève néanmoins des questions légitimes d’équité sociale, de performance, de sécurité des placements et de légitimité politique. Pourtant, les comparaisons internationales montrent que de nombreux pays, y compris ceux historiquement fondés sur la répartition (Suède, Allemagne, Canada), ont intégré des piliers de capitalisation publique ou privée afin de diversifier les sources de financement, mutualiser les risques et sécuriser les pensions sur le long terme. Dès lors, analyser le fonctionnement des régimes de retraite avec capitalisation à l’étranger devient un enjeu essentiel pour nourrir la réflexion française.

Pour ce faire, nous analyserons les systèmes de retraites allemand, australien, britannique, canadien, néerlandais et suédois, à travers quatre dimensions après avoir présenté leurs systèmes. Ces quatre dimensions sont : leurs structures de dépenses entre public et privé, les rendements de la capitalisation, l’efficience de leurs systèmes de retraites et enfin l’impact de la capitalisation sur les taux de pauvreté.

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