Selon la DARES, les difficultés de recrutement en France sont à des niveaux inégalés. Il y avait 368 000 emplois vacants au premier trimestre 2022, soit une hausse de 75% par rapport au quatrième trimestre 2019. Comme l’explique la note du Think Tank Matières Grises sur l’attractivité des métiers, des nouvelles visions du travail se sont développées depuis la crise du Covid, avec la popularisation du télétravail, mais aussi à travers de nouvelles considérations concernant le sens du travail. Ces réflexions sur la qualité du travail entraînées par la pandémie se sont couplées à des problèmes structurels latents : selon la DARES, les tensions de recrutement pré-pandémie étaient dues à la précarité de l’emploi et aux conditions de travail difficiles. Les difficultés de recrutement touchent de nombreux secteurs, tels que la restauration, ou la logistique mais aussi les secteurs de la santé et des services d’aide à la personne, notamment les aides-soignants et les infirmiers en EHPAD ou à l’hôpital. La pandémie a permis de mettre en lumière les conditions de travail très difficiles, le manque de considération et le rôle important que jouent les soignants dans la vie de nombreux seniors.
Or la France connaît aujourd’hui un vieillissement de sa population : selon le dernier rapport du Haut Commissaire au Plan, au 1er janvier 2022, la France compte 6,5 millions âgés de 75 ans et plus. En 2050, la population des 75 ans et plus atteindra 11,3 millions de personnes dont 2,9 millions de personnes dépendantes. En effet, un vieillissement de la population mènera à terme à une augmentation du nombre de personnes dépendantes. Selon le rapport Libault, le nombre de personnes en perte d’autonomie devrait augmenter de 20 000 personnes chaque année à l’horizon 2030. Une augmentation du nombre de personnes en perte d’autonomie signifie que les professions du grand âge et de la santé, comme les aides soignants et les infirmiers, seront encore plus demandées qu’aujourd’hui. Selon le rapport El Khomri, en prenant compte des 60 000 postes vacants d’aujourd’hui, il faudra former 350 000 personnes aux métiers du grand âge pour faire face aux besoins de ces prochaines années.
En effet, ces métiers souffrent dès à présent d’un manque de financement, d’attractivité et de reconnaissance, et leurs conditions de travail se sont nettement dégradées ces dernières années. La surcharge de travail, les cadences effrénées et le manque de ressources ont causé un absentéisme élevé et poussé de nombreux professionnels à abandonner leurs métiers, que ce soit à l’hôpital ou en EHPAD. Il est donc important de comprendre comment et pourquoi les conditions sont devenues si difficiles, mais aussi quelles mesures prendre pour redonner de l’attractivité à ces métiers. Cette étude cherche à comprendre pourquoi les conditions de travail sont si difficiles pour ces métiers, notamment en EHPAD. La Chaire TDTE a précédemment réalisé une étude sur l’amélioration de la prise en charge de la dépendance, et sur les coûts que cela engendrerait, compte tenu du vieillissement démographique. Dans cette étude, la Chaire préconise une augmentation de 50% du taux d’encadrement en EHPAD, d’une revalorisation des salaires, d’une création de 410 000 emplois, et enfin une amélioration de l’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA). Cela impliquerait une hausse de près de 22 milliards d’euros d’ici 2030, soit plus du double de ce qui est préconisé par le rapport Libault (augmentation de 9,2 milliards pour 2030). Dans la continuité de l’étude de la Chaire TDTE sur l’amélioration de la prise en charge de la dépendance, nous visons ici à proposer des mesures pour bâtir des carrières soignantes plus attractives afin d’améliorer l’accompagnement des personnes âgées.
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