L’année 2023 a résonné comme un choc au niveau de la natalité. La France, souvent considérée comme le pays européen avec la fécondité la plus élevée a vu cette dernière chuter à 1,68 enfants par femme contre 1,8 initialement prévus. Soit un chiffre inférieur à la Roumanie et la Bulgarie en 2022 et, finalement, plus si éloigné de l’Allemagne ou de l’Irlande. Mais le point majeur est surtout que la fécondité est sous le niveau de renouvellement des générations.
Cette étude poursuit un double but, le premier est d’analyser l’effet macroéconomique d’une chute de la population (prévue pour 2044 dans le scénario central de l’Insee) et du vieillissement relatif de la population française. Le second est d’analyser les effets économiques d’une variation de la natalité à travers 3 scénario : i) 2023, où la fécondité se fixe à 1,68 enfants par femme ; ii) à l’italienne, où la fécondité diminue au même rythme qu’actuellement pour atteindre 1,3 enfants par femme à horizon 2040, proche de l’Italie ; et iii) remontée, où la fécondité est stable à 1,68 enfants par femme puis remonte progressivement pour atteindre 2 enfants par femme en 2045.
Grâce au modèle Choc Démographique et Croissance Harmonieuse (CDCH), nous montrons alors que la baisse de la population attendue a des effets macroéconomiques majeurs, notamment sur la rémunération des retraités qui voient leur niveau de vie relatif (par rapport aux personnes en emploi) drastiquement diminuer à cause du vieillissement de la population, de la baisse de la population active et de l’entrée aux âges de la retraite de la fin de la génération baby-boom. La baisse de la fécondité à 1,68 accentue un peu plus ces effets, avec une différence en termes de PIB pouvant aller jusqu’à 2 points en 2050. Ces effets sont d’autant plus prononcés lorsque l’on considère une chute bien plus importante de la fécondité et se révèlent être atténués, mais pas totalement gommés, lorsque la fécondité remonte progressivement. Cette étude tend à montrer que la fécondité et la démographie au sens large ont un rôle non négligeable à jouer dans le futur économique de la France mais que ces variables font preuves d’une très forte inertie. Se focaliser uniquement sur une remontée de la natalité n’aurait pas d’effet immédiat, il est donc primordial de ne pas négliger d’autres aspects de la politique économique si l’on veut maintenir une cohésion forte des générations.
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