Travail rémunéré et travail domestique : une évaluation monétaire de la contribution des femmes et des hommes à l’activité économique depuis 30 ans
Le 26 octobre 2016 par Hippolyte d’Albis, Carole Bonnet, Julien Navaux, Jacques Pelletan, Anne SolazPartager sur
À l’aide des Comptes de transferts nationaux, cet article quantifie les évolutions par âge et par sexe de la production domestique et des revenus du travail rémunéré en France sur la période 1985-2010. Il montre que si la participation plus importante des femmes au marché du travail a permis d'accroître leur contribution dans les revenus du travail rémunéré, leur contribution à la « production globale », définie comme la somme des revenus du travail rémunéré et de la production domestique « monétisée » au salaire minimum, a peu augmenté sur la période (passant de 43 % à 46 % entre 1985 et 2010 pour les femmes de 25 à 55 ans). Cette stabilité s'explique par les évolutions relatives des temps de travail rémunéré et domestique des femmes et des hommes. Les heures annuelles sur le marché du travail ont baissé pour les deux sexes, mais cette tendance à la baisse a été en partie compensée pour les femmes par une participation accrue. Parallèlement, ces dernières se sont massivement désengagées de la sphère domestique, les hommes n'ayant modifié que marginalement leur implication domestique. Le temps de travail total des femmes a ainsi plus baissé que celui des hommes tout en lui demeurant supérieur. Néanmoins, une heure de production domestique étant par hypothèse moins « valorisée » qu'une heure de travail rémunéré, ces évolutions n'ont finalement pas modifié la contribution des femmes à la « production globale ».